lundi 13 décembre 2010

Résumé du huitième épisode (1748 – 1755) + index des personnes citées et lexique



Allant rendre visite à Diderot incarcéré à Vincennes, Jean-Jacques est frappé d’une « illumination » en prenant connaissance d’un sujet mis au concours par l’Académie de Dijon ; ce sera le début de la gloire littéraire avec le Discours sur les sciences et les arts, publication bientôt suivie par la représentation devant la cour du Devin du village. Se refusant à être l’auteur mondain que ses succès viennent de faire de lui, il décide sa « réforme personnelle », se met en ménage avec Thérèse et se fait copiste de musique. Mme d’Epinay, maîtresse de son ami Grimm, prépare au solitaire un logement sur ses terres à l’Ermitage près de Montmorency. Au cours d’un séjour à Genève, il est réintégré dans l’Eglise calviniste et la citoyenneté genevoise, faisant l’éloge de sa cité natale dans la dédicace du Discours sur l’inégalité. Cet ouvrage lui attire de Voltaire une lettre d’une ironie blessante, et l’établissement de celui-ci aux portes de Genève contribue à la décision de se fixer à l’Ermitage plutôt qu’à Genève.

Jacques Voisine
Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau


Les représentations du huitième épisode ont débuté le 7 octobre 2010

INDEX DES PERSONNES CITÉES DANS CET ÉPISODE

Frédéric de Saxe-Gotha (1735 – 1756) et son gouverneur, le Baron de Thun.

Ancien gouverneur d’un prince de Wurtemberg, Seguy avait édité, en 1743, les Œuvres complètes de Jean-Baptiste Rousseau.

Emmanuel-Christophe Klüpffel (1712 – 1776) avait été nommé en 1741 pasteur de l’église luthérienne de Genève. En 1747, le prince de Saxe-Gotha l’emmena à Paris et se l’attacha comme chapelain. En 1761, Klüpfel devait fonder le fameux Almanach de Gotha.

Né à Ratisbonne le 26 décembre 1723, Frédéric-Melchior Grimm était entré au service du comte de Schomberg, après avoir étudié le droit public et après avoir écrit une tragédie en allemand, Banise, qui sera publiée en 1753. Il arriva à Paris dans les derniers jours de décembre 1748, peut-être en janvier 1749, en compagnie du plus jeune fils du comte de Schomberg.

Le comte Auguste-Henri de Friesen (1728 – 1755), neveu du maréchal de Saxe et petit-fils naturel d’Auguste II, s’était pris d’amitié pour Grimm dès leur première entrevue en 1749. Officier aimable, spirituel et débauche, nous dit-on, il devait mourir à 27 ans, usé par les plaisirs.

Sauveur-François Morand (1697 – 1773), chirurgien en chef de la Charité, puis de l’Hôtel des Invalides.

Jacques Daran (1701 – 1784), médecin militaire au service de l’Autriche. Installé à Paris en 1754, il obtint le titre de chirurgien ordinaire du roi.

Stanislas Leszczynski (1677 - 1766), roi de Pologne de 1704 à 1709 sous le nom de Stanislas 1er.

Paul Thiry, Baron d’Holbach (1723 – 1789) débuta dans la littérature par une Lettre sur l’état présent de l’Opéra et par une traduction des Plaisirs de l’imagination de Mark Akenside. Pendant quinze ans, il se voua à la propagation des sciences physiques en traduisant en français des ouvrages (allemands ou anglais) relatifs aux sciences naturelles. Il rédigea pour l’Encyclopédie de nombreux articles sur la chimie, la pharmacie, la physiologie et la médecine. Son Christianisme dévoilé, qu’il publia en 1761 à Londres, sous un nom d’emprunt, est l’un des plus violents réquisitoires qu’on ait jamais écrit contre la religion chrétienne. Mais son principal ouvrage reste le Système de la nature ou Des lois du monde physique et moral (1770) qui repose sur le matérialisme.

Geneviève d’Aine, la première madame d’Holbach, mourut le 16 août 1754.

Guillaume-Thomas Raynal, né à Lapanouze en Rouergue le 12 avril 1713 était entré chez les Jésuites et avait enseigné dans divers collèges avant de quitter soudainement la Compagnie en 1747. Attaché en qualité de desservant à la paroisse de Saint-Sulpice à Paris, il en fut expulsé, à la suite de divers trafics, et se lança dans la carrière de nouvellistes.En juillet 1750, il fut chargé de la rédaction du Mercure de France qu’il devait conserver jusqu’à la fin de 1754. En même temps, il s’attelait à divers ouvrages historiques et se rapprochait du clan des encyclopédistes. Son œuvre la plus connue, à laquelle collaborèrent Diderot et d’Holbach, entre autres, parut en 1770 : c’est l’Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes.

Marie Fel, née à Bordeaux le 26 octobre 1713, morte à Chaillot le 2 février 1794, avait débuté en 1734 à Paris, au concert spirituel et à l’Opéra.

Jean-Baptiste Sénac (1693 – 1770), médecin du maréchal de Saxe, puis premier médecin du roi Louis XV, était un homme de beaucoup d’esprit qui jouissait à la cour d’une grande considération.

Charles Pinot Duclos, né à Dinant le 12 février 1704, mourut à Paris le 26 mars 1772. En 1745, il publia une Histoire de Louis XI qui lui ouvrit les portes de l’Académie française, dont il devait devenir le secrétaire perpétuel et qui lui valut, cinq ans plus tard, la place d’historiographe du roi de France.

François Mussard (1691 – 1755), joaillier genevois, a publié dans le Mercure de France, en 1753 et 1754, trois lettres sur les coquilles fossiles.

Toussaint-Pierre Lenieps (1694 – 1774) avait été banni à perpétuité de Genève, en 1731, pour avoir soutenu son compatriote Micheli du Crest dans sa lutte contre le gouvernement aristocratique. Devenu banquier à Paris, il continua à suivre les évènements politiques de sa ville natale.

M. de Cury, intendant des Menus Plaisirs jusqu’en 1756.

Louis-Marie-Augustin, duc d’Aumont (1709 – 1782), premier gentilhomme de la chambre du roi, de qui dépendaient, cette année-là, les spectacles de la cour.

Paul Moultou (1725 – 1787), consacré pasteur en 1755, devait renoncer au Saint-Ministère par scrupule de conscience et se faire à Genève l’avocat de Jean-Jacques lors de la condamnation de l’Emile en 1762. Deux mois avant sa mort, Jean-Jacques lui confiait divers manuscrits, notamment celui des Confessions, et le chargeait de les publier après sa mort. A plusieurs reprises, il lui avait demandé de défendre sa mémoire devant la postérité, et, malgré quelques brouilleries, Moultou lui resta toujours fidèle.

Marc-Michel Rey (1720 – 1780), libraire genevois établi en 1745 à Amsterdam.


Lexique du huitième épisode

Cette impossibilité de partager à mes inclinations : à celle que j’aimais. Ce mot, au pluriel, signifie parfois la personne aimée.

je me regardai comme un membre de la République de Platon : Platon voulait que tous les enfants fussent élevés dans sa République ; que chacun restât inconnu à son père et que tous fussent les enfants de l’Etat.

Il me conseilla de recourir à Daran, dont les bougies plus fléxibles parvinrent en effet à s’insinuer : se dit en chirurgie d’une petite verge cirée qu’on introduit dans l’urethre pour le dilater et le tenir ouvert.

ma résolution fit du bruit aussi et m’attira des pratiques : en l’occurrence du travail de copiste de musique.

une station fort de mon goût : lieu où l’on s’arrête pour se reposer.

En fouillant à fond de cuve les terrasses de ce jardin : amplement, profondément.

la terre entiére n’étoit que du Cron : nom donné par les Naturalistes à un sable ou un amas de petites coquilles qui se trouvent dans le sein de la terre.

Il n’y manquoit que le divertissement : les fêtes de danse et de chant qui font partie de chaque acte dans un opéra, ou qui le terminent.

C’étoit une grande loge sur le théâtre : ce que nous appelons aujourd’hui une loge d’avant-scène.

M. de Gauffecourt, âgé de plus de soixante ans, podagre : qui a la goutte au pied. Le podagre est une espèce de rhumatisant.

jeudi 8 juillet 2010

Petit & Maman : Jean-Jacques Rousseau et madame de Warens


J’ai inauguré l’an dernier un cycle de lectures de textes de, ou consacré à, Jean-Jacques Rousseau avec A propos des Charmettes, de George Sand.

Avant de lire l’an prochain les Quatre lettres à monsieur le Président de Malesherbes, que Jean-Jacques écrivit comme un prélude aux Confessions, je vous propose cet automne de revenir aux pages qu’il a consacrées, dans ces mêmes Confessions, à madame de Warens, et que j’ai dû malheureusement sacrifier dans mon travail d’adaptation de ce livre à la scène.
Cet exercice d’adaptation, qui consiste essentiellement à couper, le plus souvent à contre-cœur, de nombreux passages de chacun des livres qui composent cet ouvrage, n’est vraiment pas celui que je préfère, ces pages mises de côté me faisant toujours craindre de trahir les intentions de Jean-Jacques, ce qui m’a semblé être malheureusement le cas dans le récit de l’histoire de son attachement pour cette femme qui a tant compté pour lui.
En effet, j’ai pu remarquer chez certains spectateurs, ignorants de l’œuvre, que la conduite, surprenante il est vrai, de cette femme vis-à-vis de son « protégé », faisait naître chez eux des sentiments pour le moins mitigés à son égard. Ce que Jean-Jacques avait très certainement anticipé en rédigeant des pages magnifiques où il prend le temps d’exposer à ses lecteurs les causes qui, selon lui, expliquaient une telle attitude.
Je me sentais donc redevable, si j’ose dire, envers madame de Warens, et la lecture de ces pages me permettra, outre le plaisir de les faire entendre, d’apaiser ma conscience et de réparer une injustice bien involontaire.
Deux lectures ont eu lieu chez Agnès Brabo, les jeudi 18 et vendredi 19 novembre et une troisième au Musée des Beaux-Arts de Tours le mercredi 24 novembre.


Que ne puis-je entourer d’un balustre d’or cette heureuse place!
que n’y puis-je attirer les hommages de toute la terre!
Quiconque aime à honorer les monumens du salut des hommes
n’en devroit approcher qu’à genoux.

Les Confessions, livre deuxième

1000 spectateurs !


Le jeudi 24 juin dernier, nous avons accueilli, Agnès Brabo, Jean-Jacques et moi, notre millième spectateur rue Saint-Honoré (une spectatrice en l'occurence) et cela, il faut le rappeler, n'est que le merveilleux effet de ce que nous nommons le "bouche-à-oreille", un mode de communication vieux comme le monde et probablement l'un des plus efficaces.

Jean-Jacques compte 137 représentations à ce jour et a attiré à lui près de 3 000 spectateurs.

Merci !

L'étoile violette de Axelle Ropert (autre hommage)


Le 15 mai 2006, au Cinéma Les Trois Luxembourg à Paris, je suis allé voir un moyen métrage intitulé Un camion en réparation qui était précédé d'un autre moyen métrage, dont je ne savais absolument rien avant de le voir : Etoile violette, réalisé par une certaine Axelle Ropert.

Ce film a changé ma vie puisqu'il m'a permis de découvrir Jean-Jacques Rousseau, dont jusqu'alors j'ignorais tout.

Il est désormais disponible en dvd, en complément de programme du dernier film d'Axelle Ropert, La famille Wolberg. C'est Lou Castel (voir photo ci-dessous) qui interprète Jean-Jacques dans ce film, dans une scène onirique absolument magnifique.

Axelle Ropert est également l'auteur du scénario d'un autre très beau film : La France, qu'a réalisé Serge Bozon (qui joue le rôle principal de Etoile violette), et dans lequel Sylvie Testud interprète une jeune femme qui se fait passer pour un homme afin de pouvoir rejoindre son fiancé au front.

Il y a longtemps que je voulais rendre hommage à Axelle Ropert, dont j'aime beaucoup les films et à qui je dois beaucoup. Voilà qui est fait.



Vous savez qui est cet homme ? Cet homme est recherché depuis trois siècles par toutes les polices de la planète. Cet homme est un criminel Cet homme est dangereux. Il a vécu au 18ème siècle entre 1712 et 1778…



















Je suis à la recherche d’une petite fleur bleue qu’on appelle Etoile violette. Etoile violette, c’est un nom un peu ridicule. (…) C’est une fleur très mystérieuse et qui aime à se cacher.


vendredi 25 juin 2010

Un William peut en cacher un autre... (hommage)

J’ai découvert récemment, grâce au conseil éclairé d’une fidèle spectatrice – et j’en profite pour la remercier –, le merveilleux livre de William Boyd : Les Nouvelles Confessions, dont l’inspiration première est, bien entendu, Jean-Jacques Rousseau. Le livre est édité au Seuil, au format de poche notamment, et ce pourrait être une passionnante lecture de vacances, pour ceux d’entre vous qui se laisseraient tenter. Je ne résiste pas à l’envie de retranscrire ici le paragraphe où John James (tiens donc...) Todd, le héros du roman, découvre les Confessions de Jean-Jacques. Ce bref passage m’a profondément ému car il décrit de manière assez précise l’émotion que j’ai moi-même ressenti après ma première lecture de ce livre qui a bouleversé ma vie...


Et le livre ? Vous aurez facilement reconnu les accents de Jean-Jacques Rousseau dans Les Confessions. Je fus saisi et captivé par cette extraordinaire autobiographie – à tel point que j’aurais pu croire lire la mienne. Lisez-la, achetez-la et vous verrez ce que je veux dire. J’ignorais tout de Rousseau, de sa vie, de son oeuvre, de ses idées, et je ne savais pas grand-chose de l’Europe du 18ème siècle, mais la voix était si fraîche, la sincérité si émouvante et inhabituelle que peu importait. C’était là l’histoire du premier homme véritablement honnête. Le premier homme moderne. C’était là la vie de l’esprit individuel racontée dans toute sa noblesse et sa misère pour la première fois dans l’histoire de la race humaine. Lorsque je reposai la pile de pages écornées à la fin de mes sept semaines de lecture fébrile, je pleurai. Puis je commençai à les relire. Cet homme parlait en notre nom à tous, mortels souffrants, de nos vanités, de nos espoirs, de nos moments de grandeur et de nos natures abjectes et corrompues. (...) Rousseau et son autobiographie me libérèrent. Je n’oublierai jamais cet exceptionnel et précieux cadeau.


Le beau sourire de William Boyd


mercredi 28 avril 2010

Rousseau entre Balzac et George Sand



Le samedi 15 mai à 17h00, à l'invitation de la Société des Amis d'Honoré de Balzac et de sa présidente, Anne-Marie Baron, j'ai eu le grand plaisir de re-lire dans la belle bibliothèque de la Maison de Balzac, rue Raynouard à Paris, A propos des Charmettes, le texte que George Sand a écrit en hommage à Jean-Jacques Rousseau après sa visite aux dites Charmettes en mai 1861.

Cette lecture a été précédée de celle d'un extrait de la Physiologie du mariage, de Balzac, où il est question des Confessions de Rousseau, et de la mauvaise influence que cette lecture peut avoir sur les femmes...


Maison de Balzac

47, rue Raynouard, Paris 16ème
Métro Passy / La Muette
RER C Boulainvilliers / Radio France

Bus n°32, 50, 70, 72.

Tél. : 01 55 74 41 80

Résumé du septième épisode (1741 – 1747) + index des personnes citées et lexique



Le Paris brillant que Jean-Jacques découvre lors de son second séjour efface les mauvaises impressions du premier, et le met en relations avec le monde littéraire et musical. Il se voit offrir l’emploi de secrétaire de l’ambassadeur Montaigu, qu’il part rejoindre à Venise. La musique occupe là tous ses loisirs, sans parler d’une aventure avec une courtisane. S’étant querellé avec l’ambassadeur, il revient à Paris, où il s’attache à la maison Dupin, et commence une liaison avec la servante d’auberge Thérèse Levasseur, dont il aura cinq enfants. Ses débuts dans la composition musicale sont encourages par Voltaire mais contrariés par Rameau. Il se lie amitié avec Diderot.

Jacques Voisine
Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau


Les représentations du septième épisode ont débuté le 11 mars 2010

INDEX DES PERSONNES CITÉES DANS CET ÉPISODE

L’abbé Gabriel Bonnot de Mably (1709 – 1785) quitta le séminaire avant la fin de ses études et fut attaché au cardinal de Tencin, nommé ministre des Affaires étrangères en 1742. Après avoir joué un rôle important comme conseiller du ministère, il rompit brusquement avec le cardinal et se lança dans la carrière des lettres. Comme Jean-Jacques, il admirait les institutions des Grecs et des Romains et estimait que les sociétés modernes étaient en décadence. Il condamnait absolument le luxe et souhaitait qu’on en revint à la simplicité primitive. Ses Entretiens de Phocion sur le rapport de la morale avec la politique, de 1763 et ses Observations sur l’histoire de France (1765), notamment, eurent un grand succès.

Né à Lyon, Charles Bordes (1711 – 1781) avait passé plusieurs années à Paris avant de se fixer dans sa ville natale en 1740. Esprit sceptique et mordant, il fut reçu membre de l’Académie de Lyon en 1745 et publia plusieurs ouvrages libertins et antireligieux. Nous le retrouverons en 1751 lors de sa polémique avec Jean-Jacques au sujet du Discours sur les sciences et les arts.

Bertrand-René Pallu (1693 – 1758), seigneur du Ruau et Barbotteau, intendant de justice et finances de la ville et généralité de Lyon, cultivait les belles-lettres et fut reçu en 1742 membre de l’Académie de Lyon. Il traduisit en vers français quatre drames de Métastase qu’il publia entre 1746 et 1749. Voltaire lui avait adressé une épitre en vers en 1729. Elu au Conseil d’Etat, il quitta Lyon en 1750, non sans avoir plus d’une fois attiré l’attention par ses dettes et sa morale relâchée.

Aucun renseignement sur M. de Bonnefond n'a été trouvé.

Né à Yverdon le 6 septembre 1691, Daniel Roguin habitait l’île Saint-Louis lorsqu’il fit la connaissance de Jean-Jacques. Il semble retourné peu après dans sa ville natale où il mourut le 25 mai 1771.

Charles Gros de Boze (1680 – 1753), secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions dès 1706, membre de l’Académie française dès 1715, a laissé de nombreuses études sur la numismatique.

Louis-Bertrand Castel (1688 – 1757), jésuite, mathématicien, collabora pendant trente ans au Journal de Trévoux ; il s’efforça de construire un clavecin pour les yeux, où les sons devaient être rendus sensibles à la vue. Il publia en 1754 des Lettres d’un académicien de Bordeaux sur le fond de la musique à l’occasion de la lettre de M. Rousseau contre la musique française, et en 1756 l’Homme moral opposé à l’homme physique de M. Rousseau.

René-Antoine de Réaumur (1683 – 1757), membre de l’Académie des Sciences à l’âge de 25 ans, était considéré comme un des savants les plus illustres de Paris. A l’époque où Jean-Jacques fit sa connaissance, il s’occupait surtout d’histoire naturelle et s’apprêtait à publier ses Mémoires pour servir à l’histoire des insectes.

J.-J. Dortous de Mairan (1678 – 1771) était un mathématicien, Jean Hellot (1685 – 1766), un chimiste et Jean-Paul de Fouchy (1707 – 1788), un astronome.

La comtesse Catherine Bielinska, parente du roi Stanislas, avait épousé le baron Jean-Victor de Besenval (1671 – 1736), officier soleurois au service de France, puis envoyé extraordinaire en Suède et en Pologne et finalement colonel des Gardes-Suisses en France. Leur fille, Théodora-Elizabeth-Catherine, épousa en 1733 Charles-Guillaume-Louis, marquis de Broglie.

Mme de Fontaine eut de son mari, Jean-Louis-Guillaume de Fontaine, un fils et une fille, et de son amant le puissant financier Samuel Bernard trois filles adultérines, dont la dernière Louise-Marie-Madeleine, née à Paris le 28 octobre 1706, épousa Claude Dupin le 1er décembre 1724. Il avait 43 ans et Mlle de Fontaine, 17. Leur salon fut l’un des plus brillants et des plus recherchés de Paris. En février 1730, naquit un fils qui reçut les noms de Jacques-Armand Dupin de Chenonceaux, du nom de la terre que Claude Dupin avait achetée à la veille de son mariage.

De son premier mariage avec Marie-Jeanne Bouilhat de Laleuf, Claude Dupin avait eu un fils, Charles-Louis Dupin de Francueil, né en 1716, qui épousa en 1737 Suzanne Bollioud de Saint-Julien. De son second mariage, avec Aurore de Saxe, naîtra un fils qui sera le père d’Aurore Du Devant soit George Sand.

Guillaume-François Rouelle (1703 – 1770) fut nommé démonstrateur de la chaire de chimie au Jardin du Roi. Dès 1740 au moins, il donnait, avec grand succès, des leçons particulières de chimie, auxquelles assista également Diderot.

Pierre-François, comte de Montaigu, né en 1692, avait embrassé fort jeune la carrière des armes. Dégoûté du service militaire, il avait demandé et obtenu le poste d’ambassadeur de France à Venise, où il arriva le 11 juillet 1743.

Le chevalier de Montaigu, frère cadet de l’ambassadeur, colonel-brigadier d’infanterie, était gentilhomme de la manche, c’est-à-dire un officier dont la fonction est d’accompagner les fils de France dans leur jeunesse.

L’abbé de Binis, adjoint à Jean-Jacques comme sous-secrétaire de l’ambassadeur de France à Venise.

Jean Le Blond avait succédé à son père comme consul de France à Venise en 1718. C’est lui qui faisait l’intérim lors du changement d’ambassadeur. Il devait occuper son poste pendant quarante ans.

Olivet, capitaine du vaisseau français La Sainte-Barbe.

L’abbé Jean-Charles Patizel, chancelier du consul de France à Venise.

François-Xavier de Carrion, secrétaire de l’ambassadeur d’Espagne à Venise, puis en Suède et à Paris, devint chargé d’affaires de la Cour d’Espagne à Paris puis à Vienne en 1754 et à Londres en 1763.

Le marquis Gallucio de l’Hospital, ambassadeur de France à Naples de 1740 à 1750.

Zulietta, courtisane vénitienne, jouissant lors d'une grande réputation dans la galanterie.

Née à Orléans le 21 septembre 1721, Marie-Thérèse Le Vasseur était fille de François Le Vasseur, officier monnayeur, et de Marie Renoux.

Alexandre-Jean-Joseph Le Riche de la Pouplinière (1693 – 1762), fermier-général depuis 1721, avait acquis en 1739, rue de Richelieu, un somptueux hôtel qui était rapidement devenu un des centres de la vie artistique et mondaine de Paris.

Fille d’un ancien officier au service du roi de Danemark et de l’actrice Mimi Dancourt, Thérèse Boutinon des Hayes (1714 – 1756) avait épousé en octobre 1737 M. de la Pouplinière, sur l’ordre du cardinal de Fleury qui estimait que leur liaison était incompatible avec les responsabilités d’un fermier-général.

Fille aînée de Nicolas Le Duc et de Marguerite Le Vasseur, Goton Le Duc est née le 12 juin 1727 à Orléans.

Madame la Selle, aubergiste.

Mlle Gouin, sage-femme.

Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d’Esclavelles, nées à Valenciennes le 11 mars 1726, avait épousé Denis-Joseph Lalive d’Epinay, femier-général, le 23 décembre 1745.

Elisabeth-Sophie-Françoise Lalive de Bellegarde, belle-sœur de Mme d’Epinay, née à Paris le 18 décembre 1730, épousa le 28 février 1748 le comte Claude-Constant-César d’Houdetot.

Etienne Bonnot de Condillac (1715 – 1780), frère de M. de Mably, avait reçu les ordres mais n’exerçait pas de fonctions ecclésiastiques. Diderot permis à ce « grand métaphysicien » de publier son premier ouvrage, l’Essai sur l’origine des connaissances humaines (1746).

Sont aussi cités dans ce septième livre :

Louis-François Armand de Vignerot du Plessis, 3ème Duc de Richelieu et maréchal de France (1696 – 1788)

Denis Diderot (1713 – 1784)

Le Père Jean-Jacques Souhaitty, dont Les Nouveaux éléments de chant, ou l’Essay d’une nouvelle découverte qu’on a faite dans l’art de chanter avaient paru en 1677 à Paris.

Jean-Philippe Rameau (1683 – 1764)

François-Marie Arouet dit Voltaire (1694 – 1778)

Jean le Rond d’Alembert (1717 – 1783)



Lexique du septième épisode

un pays de son fils et de son mari : un compatriote, celui qui est du même pays. Expression populaire.

me livrant à tout l’œstre poetique et musical : violente passion, excitation.

quelques lignes de son estoc : de son cru.

faire des passedroits : injustice qu'on fait à quelqu'un en ne suivant pas l'usage ordinaire.

le dégout n’avoit point de part à ce rat : caprice, bizarrerie, fantaisie. Dans ce cas particulier, il doit plutôt s’agir d’un fiasco.

Zanetto, lascia le Donne, e studia la matematica : Jeannot, laisse tomber les femmes, et étudie les mathématiques.

Je devins son champion : défenseur.

Je trouvois dans Therese le supplement dont j’avois besoin : au sens de suppléer. Il s’agit ici pour Jean-Jacques de remplacer Maman.

Il avoit bien fallu faire une musique assortissante : qui convienne.

l’honoraire qu’il devoit me produire : l’avantage matériel que Jean-Jacques devait en retirer.

J’en fis plusieurs cours (…) chez M. Rouelle : j’en fis plusieurs études suivies.