lundi 13 décembre 2010

Résumé du huitième épisode (1748 – 1755) + index des personnes citées et lexique



Allant rendre visite à Diderot incarcéré à Vincennes, Jean-Jacques est frappé d’une « illumination » en prenant connaissance d’un sujet mis au concours par l’Académie de Dijon ; ce sera le début de la gloire littéraire avec le Discours sur les sciences et les arts, publication bientôt suivie par la représentation devant la cour du Devin du village. Se refusant à être l’auteur mondain que ses succès viennent de faire de lui, il décide sa « réforme personnelle », se met en ménage avec Thérèse et se fait copiste de musique. Mme d’Epinay, maîtresse de son ami Grimm, prépare au solitaire un logement sur ses terres à l’Ermitage près de Montmorency. Au cours d’un séjour à Genève, il est réintégré dans l’Eglise calviniste et la citoyenneté genevoise, faisant l’éloge de sa cité natale dans la dédicace du Discours sur l’inégalité. Cet ouvrage lui attire de Voltaire une lettre d’une ironie blessante, et l’établissement de celui-ci aux portes de Genève contribue à la décision de se fixer à l’Ermitage plutôt qu’à Genève.

Jacques Voisine
Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau


Les représentations du huitième épisode ont débuté le 7 octobre 2010

INDEX DES PERSONNES CITÉES DANS CET ÉPISODE

Frédéric de Saxe-Gotha (1735 – 1756) et son gouverneur, le Baron de Thun.

Ancien gouverneur d’un prince de Wurtemberg, Seguy avait édité, en 1743, les Œuvres complètes de Jean-Baptiste Rousseau.

Emmanuel-Christophe Klüpffel (1712 – 1776) avait été nommé en 1741 pasteur de l’église luthérienne de Genève. En 1747, le prince de Saxe-Gotha l’emmena à Paris et se l’attacha comme chapelain. En 1761, Klüpfel devait fonder le fameux Almanach de Gotha.

Né à Ratisbonne le 26 décembre 1723, Frédéric-Melchior Grimm était entré au service du comte de Schomberg, après avoir étudié le droit public et après avoir écrit une tragédie en allemand, Banise, qui sera publiée en 1753. Il arriva à Paris dans les derniers jours de décembre 1748, peut-être en janvier 1749, en compagnie du plus jeune fils du comte de Schomberg.

Le comte Auguste-Henri de Friesen (1728 – 1755), neveu du maréchal de Saxe et petit-fils naturel d’Auguste II, s’était pris d’amitié pour Grimm dès leur première entrevue en 1749. Officier aimable, spirituel et débauche, nous dit-on, il devait mourir à 27 ans, usé par les plaisirs.

Sauveur-François Morand (1697 – 1773), chirurgien en chef de la Charité, puis de l’Hôtel des Invalides.

Jacques Daran (1701 – 1784), médecin militaire au service de l’Autriche. Installé à Paris en 1754, il obtint le titre de chirurgien ordinaire du roi.

Stanislas Leszczynski (1677 - 1766), roi de Pologne de 1704 à 1709 sous le nom de Stanislas 1er.

Paul Thiry, Baron d’Holbach (1723 – 1789) débuta dans la littérature par une Lettre sur l’état présent de l’Opéra et par une traduction des Plaisirs de l’imagination de Mark Akenside. Pendant quinze ans, il se voua à la propagation des sciences physiques en traduisant en français des ouvrages (allemands ou anglais) relatifs aux sciences naturelles. Il rédigea pour l’Encyclopédie de nombreux articles sur la chimie, la pharmacie, la physiologie et la médecine. Son Christianisme dévoilé, qu’il publia en 1761 à Londres, sous un nom d’emprunt, est l’un des plus violents réquisitoires qu’on ait jamais écrit contre la religion chrétienne. Mais son principal ouvrage reste le Système de la nature ou Des lois du monde physique et moral (1770) qui repose sur le matérialisme.

Geneviève d’Aine, la première madame d’Holbach, mourut le 16 août 1754.

Guillaume-Thomas Raynal, né à Lapanouze en Rouergue le 12 avril 1713 était entré chez les Jésuites et avait enseigné dans divers collèges avant de quitter soudainement la Compagnie en 1747. Attaché en qualité de desservant à la paroisse de Saint-Sulpice à Paris, il en fut expulsé, à la suite de divers trafics, et se lança dans la carrière de nouvellistes.En juillet 1750, il fut chargé de la rédaction du Mercure de France qu’il devait conserver jusqu’à la fin de 1754. En même temps, il s’attelait à divers ouvrages historiques et se rapprochait du clan des encyclopédistes. Son œuvre la plus connue, à laquelle collaborèrent Diderot et d’Holbach, entre autres, parut en 1770 : c’est l’Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes.

Marie Fel, née à Bordeaux le 26 octobre 1713, morte à Chaillot le 2 février 1794, avait débuté en 1734 à Paris, au concert spirituel et à l’Opéra.

Jean-Baptiste Sénac (1693 – 1770), médecin du maréchal de Saxe, puis premier médecin du roi Louis XV, était un homme de beaucoup d’esprit qui jouissait à la cour d’une grande considération.

Charles Pinot Duclos, né à Dinant le 12 février 1704, mourut à Paris le 26 mars 1772. En 1745, il publia une Histoire de Louis XI qui lui ouvrit les portes de l’Académie française, dont il devait devenir le secrétaire perpétuel et qui lui valut, cinq ans plus tard, la place d’historiographe du roi de France.

François Mussard (1691 – 1755), joaillier genevois, a publié dans le Mercure de France, en 1753 et 1754, trois lettres sur les coquilles fossiles.

Toussaint-Pierre Lenieps (1694 – 1774) avait été banni à perpétuité de Genève, en 1731, pour avoir soutenu son compatriote Micheli du Crest dans sa lutte contre le gouvernement aristocratique. Devenu banquier à Paris, il continua à suivre les évènements politiques de sa ville natale.

M. de Cury, intendant des Menus Plaisirs jusqu’en 1756.

Louis-Marie-Augustin, duc d’Aumont (1709 – 1782), premier gentilhomme de la chambre du roi, de qui dépendaient, cette année-là, les spectacles de la cour.

Paul Moultou (1725 – 1787), consacré pasteur en 1755, devait renoncer au Saint-Ministère par scrupule de conscience et se faire à Genève l’avocat de Jean-Jacques lors de la condamnation de l’Emile en 1762. Deux mois avant sa mort, Jean-Jacques lui confiait divers manuscrits, notamment celui des Confessions, et le chargeait de les publier après sa mort. A plusieurs reprises, il lui avait demandé de défendre sa mémoire devant la postérité, et, malgré quelques brouilleries, Moultou lui resta toujours fidèle.

Marc-Michel Rey (1720 – 1780), libraire genevois établi en 1745 à Amsterdam.


Lexique du huitième épisode

Cette impossibilité de partager à mes inclinations : à celle que j’aimais. Ce mot, au pluriel, signifie parfois la personne aimée.

je me regardai comme un membre de la République de Platon : Platon voulait que tous les enfants fussent élevés dans sa République ; que chacun restât inconnu à son père et que tous fussent les enfants de l’Etat.

Il me conseilla de recourir à Daran, dont les bougies plus fléxibles parvinrent en effet à s’insinuer : se dit en chirurgie d’une petite verge cirée qu’on introduit dans l’urethre pour le dilater et le tenir ouvert.

ma résolution fit du bruit aussi et m’attira des pratiques : en l’occurrence du travail de copiste de musique.

une station fort de mon goût : lieu où l’on s’arrête pour se reposer.

En fouillant à fond de cuve les terrasses de ce jardin : amplement, profondément.

la terre entiére n’étoit que du Cron : nom donné par les Naturalistes à un sable ou un amas de petites coquilles qui se trouvent dans le sein de la terre.

Il n’y manquoit que le divertissement : les fêtes de danse et de chant qui font partie de chaque acte dans un opéra, ou qui le terminent.

C’étoit une grande loge sur le théâtre : ce que nous appelons aujourd’hui une loge d’avant-scène.

M. de Gauffecourt, âgé de plus de soixante ans, podagre : qui a la goutte au pied. Le podagre est une espèce de rhumatisant.