samedi 31 août 2013

Résumé du douzième épisode (1762 - 1765) + index des personnes citées + lexique





Jean-Jacques s’est arrêté à Iverdon chez son ami Roguin, mais son séjour y devient vite dangereux avec la condamnation de l’Emile à Genève et à Berne. La protection de l’Ecossais George Keith, « Milord Maréchal », qui gouverne la principauté de Neuchâtel pour le compte du roi de Prusse, lui permet de s’installer à Môtiers dans une maison appartenant à la famille Boy de la Tour. Thérèse l’y rejoint. Il travaille à son Dictionnaire de musique et se fait de nouveaux amis, dont DuPeyrou, mais il a des difficultés avec le pasteur du lieu, accrues par les polémiques suscitées par ses Lettres écrites de la montagne en réponse à ses adversaires genevois ; par sa renonciation au droit de bourgeoisie genevoise… La « lapidation de Môtiers » le force à chercher un autre asile. Les autorités bernoises semblent d’abord autoriser sa résidence à l’île de Saint-Pierre du lac de Bienne, mais il reçoit bientôt un ordre d’expulsion. Parti d’abord, sur les conseils de Milord Maréchal pour Berlin, il décide d’accepter l’offre d’asile outre-Manche du philosophe David Hume.

 Jacques Voisine
Dictionnaire de Jean-Jacques Rousseau

Les représentations du douzième épisode ont débuté le 28 juin 2012


INDEX DES PERSONNES CITÉES DANS CET ÉPISODE


Julie-Anne-Marie Roguin (1715-1780) avait épousé en 1740 Pierre Boy de la Tour, négociant neuchâtelois fixé à Lyon. Devenue veuve après dix-huit ans de mariage, elle géra la maison de commerce laissée par son mari. Pendant plus de douze ans, Rousseau entretint avec Madame Boy de la Tour une correspondance régulière et la chargea de nombreux achats et commissions à Lyon.

Victor de Gingins, seigneur de Moiry, bailli d'Iverdon de 1758 à 1765.

Anne-Marguerite Boy de la Tour (1704-1781), belle-soeur de l'amie de Rousseau, épouse du major J.-J. Girardier.

George lord Keith, maréchal héréditaire d'Ecosse, plus connu sous le nom de milord Maréchal, né vraisemblablement en 1686, avait pris parti pour le Prétendant (de la maison Stuart) à l'avènement de George 1er. Lors de la fuite du Prétendant sur le continent en 1716, lord Keith se mit au service du roi d'Espagne. Il prit part à la guerre contre l'Empire, puis voyagea à travers l'Europe, vécut à Venise et passa finalement au service de la Prusse. En 1751, il fut nommé ministre de Prusse à la Cour de France et en 1754, gouverneur de la principauté de Neuchâtel. Au moment où Rousseau fit sa connaissance, milord maréchal avait 76 ans. Quelques mois plus tard, il quittait la principauté, fatigué par les querelles intestines d'un petit peuple qu'on lui avait dit pacifique. Sans plus remettre les pieds à Neuchâtel, il conserva sa charge de gouverneur jusqu'en 1768 et se retira à Sans-Souci, dans une maison que le roi avait fait construire pour lui. Il devait mourir en 1778, à 96 ans, un mois avant Jean-Jacques.

Pierre-Alexandre Du Peyrou, né à Surinam (Guyane hollandaise) en 1729, avait été élevé en Hollande dès l'âge de dix ans. Sa mère, devenue veuve, s'étant remariée avec un Neuchâtelois, Philippe Le Chambrier, colonel au service des Etats-Généraux et commandant en chef de la province de Surinam, vint habiter Neuchâtel en 1747. L'année suivant, le jeune Pierre-Alexandre était reçu bourgeois de la ville. Il disposait d'une immense fortune dont il fit l'usage le plus généreux. A l'âge de 40 ans, Du Peyrou épousa une jeune fille de 19 ans, Henriette-Dorothée, fille d'Abraham de Pury, l'ami de Rousseau. Du Peyrou fut l'ami le plus fidèle de Jean-Jacques. C'est lui qui, au lendemain de sa mort, entreprit, de concert avec Moultou et Girardin, l'édition générale des Oeuvres de Rousseau au profit de sa veuve.

Frédéric-Guillaume de Montmollin (1709-1783), professeur de belles-lettres à Neuchâtel de 1737 à 1741, pasteur à Môtiers de 1741 à sa mort.

Jean-Robert Tronchin (1710-1793), procureur général dès 1759, s'était acquis une grande réputation par ses réquisitoires à la fois éloquents et subtils.

François-Henri d’Ivernois (1722-1778), fut l'un des principaux liens entre Rousseau et les "Représentants" à Genève durant les années de crise 1763-1768. Fréquemment appelé à Neuchâtel par sa parenté ou par ses affaires, il en profita périodiquement pour aller passer un ou deux jours à Môtiers. Son admiration pour Jean-Jacques n'avait d'égal que son dévouement. Agacé par les obligations qu'imposaient ses cadeaux, Rousseau multipliait les rebuffades. A la longue pourtant, l'amitié de d'Ivernois le toucha mais à la suite d'une maladresse de celui-ci, ce fut la cassure et Jean-Jacques le décrira dans ses Confessions comme un opiniâtre qui l'avait subjugué "à force d'importunités".

David Hume (1711-1776) s'était fait connaître en France par ses essais de morale et de politique, publiés entre 1742 et 1751, puis par son History of Great Britain dont une partie, l'Histoire de la maison de Stuart sur le trône d'Angleterre avait été traduite en français par l'Abbé Prévost.

Jacob Vernes (1728-1791), consacré pasteur en 1752, devait exercer le Saint-Ministère dans diverses paroisses de Genève jusqu'en 1782 où il fut exilé avec les chefs du parti des représentants à cause de ses opinions politiques. Dès 1755, il publia un périodique, le Choix littéraire, pour lequel il sollicita plusieurs fois la collaboration de Rousseau, mais, lors de la publication de l'Emile, il se rangea parmi les adversaires de l'écrivain.

Claire Delon, épouse de Gabriel Cramer, imprimeur habituel de Voltaire, était une habituée des Délices. Dix-huit mois après la parution du Sentiment des citoyens, elle assura Du Peyrou que Vernes n'était pas l'auteur du fameux libelle, qu'elle en était sûre, mais qu'elle ne pouvait "nommer le véritable auteur sans être une coquine".

La principauté de Neuchâtel était divisée en vingt-deux juridictions, à la tête desquelles se trouvaient des maires ou des châtelains. Jacques-Frédéric Martinet (1723-1789) était depuis 1758 châtelain du Val de Travers.

M. Engel, receveur de l’Ile de Saint-Pierre

Emmanuel de Graffenried (né en 1732), seigneur de Worb, bailli de Nidau




Lexique du douzième épisode

Le Baillif de cette ville : le bailli était, dans l’Ancien Régime français, le représentant de l’autorité du Roi ou du prince sur le territoire de sa juridiction (le bailliage), où il était chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l’administration en son nom.

dans les Etats du Roi de Prusse je devais naturellement être à l’abri des persécutions : en 1707 la principauté de Neuchâtel avait été dévolu au Roi de Prusse, descendant des anciens suzerains du pays. Il y avait union personnelle mais non réelle avec la Prusse.

J’avais d’ailleurs remarqué que l’habitation des femmes empirait sensiblement mon état : le commerce charnel.

il ne vit plus que Frédéric du moment qu’il lui fut attaché : Frédéric II de Prusse.

M. de Montmollin vint me déclarer que lui et ses anciens : les Anciens d’église, choisis parmi les hommes sages et pieux formaient avec le pasteur le Conseil de paroisse.

J’avais longtemps cru qu’à Genève la compagnie des Ministres, ou du moins les Citoyens et Bourgeois… : Au 18ème siècle, la population de Genève se divisait en cinq classes : les citoyens, les bourgeois, les habitants, les natifs, les sujets. Les citoyens et les bourgeois étaient les seules classes qui prenaient part au gouvernement. Ensemble ils composaient le Conseil Général ou Conseil souverain. A côté du Conseil Général, il y avait cinq autres conseils, dont le Petit Conseil, composé de membres à vie, et qui était notamment juge souverain des causes criminelles. C’est lui qui condamna en 1762 Emile et Du contrat social à être brûlés devant l’hôtel-de-ville parce que « tendant à détruire la religion chrétienne et tous les gouvernements ». Les citoyens vont protester en présentant au gouvernement des plaintes désignées sous le nom de représentations, et former ainsi le parti des Représentants.

on brûla le livre je ne sais où : à la Haye, où condamnées au feu par la cour de Hollande, les Lettres de la montagne furent brûlées le 22 janvier 1765.

Quelques temps après parut une feuille anonyme… : Le Sentiment des Citoyens, brochure de huit pages, parut le 27 décembre 1764. Voltaire en est le véritable auteur. Il se vengeait ainsi des injures que lui avait dites Rousseau dans ses Lettres de la montagne.

… qui semblait écrites au lieu d’encre avec l’eau du Phlegeton : l’un des principaux fleuves des Enfers dans la mythologie grecque, auquel on attribuait les qualités les plus nuisibles. Il entourait la prison des méchants.

et malgré les Rescripts réitérés du Roi : le rescript ou rescrit est un décret que l'autorité donne en réponse à quelqu'un sur un point au sujet duquel elle a été consultée.

Celle Ile allait devenir pour moi celle de Papimanie, ce bien-heureux pays où l'on dort. Où l'on fait plus, où l'on fait nulle chose : allusion au Quart Livre de Rabelais et, plus directement, au Diable de Papefiguière, conte en vers de La Fontaine.

Sa femme avait à Nidaw ses soeurs : Nidau, ville et chef-lieu d'un district bernois, situé à l'endroit où la Thièle sort du lac de Bienne.

et de n'y rentrer jamais sous les plus grièves peines : grief, griève : grand et fâcheux. L'expression est du langage juridique.

les deux Dames qui voulaient disposer de moi... : Madame de Boufflers et Madame de Verdellin.
... parvirent enfin à me livrer à leur ami : à David Hume.

jeudi 11 juillet 2013

Le petit théâtre d'Agnès



Le petit théâtre du 175, rue Saint-Honoré a officiellement fermé ses portes ce jour.

J'embrasse affectueusement Agnès, la maîtresse des lieux, qui nous a accueillis, Jean-Jacques et moi, durant six ans pour 133 soirées qui demeureront inoubliables et je salue les près de 2000 spectateurs qui sont venus et revenus là et qui ont aimé autant que moi ce lieu véritablement magique.

Rendez-vous pour de nouvelles aventures l'an prochain, sur l'autre rive de la Seine.